La concentration
" Dans le travail d'improvisation, DECROUX répondait différemment à nos efforts : moqueries, éloges chaleureux, colère ou tendresse compatissante. (…) Des commentaires tels que " il faut que tu chantes avec tes muscles " ou " tu n'as pas trouvé le rythme de la pensée " ou encore " n'essaie pas d'être intéressant, sois simplement ". Je me souviens d'un jour où il me demanda de " vider l'appartement pour que Dieu puisse venir y habiter "(...).
Tension dramatique
" Quand je travaillais avec DECROUX, celui-ci me dit une fois que nous étions comme des plombiers qui mettent en place de la tuyauterie. Il admit que le travail était fatigant et fastidieux pour le moment, mais il me promit qu'un jour je serai capable de fabriquer de la vapeur chaude qui circulerait dans ces tuyaux.
Par contre, il ne se contenta pas d'attendre pour que la vapeur monte dans un acteur froid. Il construisit des exercices précisément à cette fin.(…) Quand il en faisait la démonstration, il jouait de ses muscles comme d'un violon, chaque mouvement ayant pour origine un vibrato soutenu dans les régions les plus profondes du corps. Cette vibration, ce chantonnement intériorisé sous la forme d'une respiration musculaire, est au cœur de son travail. C'est parfois une alternance rapide, subtile, presque invisible, de muscles tendus et relâchés. "